Grise
comme un ciel d’orage, une fièvre émerveillée.
La mer de
moire vieil argent.
Dans le
petit port, les coques fantomatiques des bateaux de plaisance agitent leurs
amarres aux reliquats de houle.
Il dépasse
leurs plaintes de fiancée délaissée et poursuit son pèlerinage quotidien vers
la mer, fidèle et farouche. Celle qu’il aime et dont il est le seul à goûter la
beauté nue.
Grise, profonde, un ciel d’orage étendu sur le sable.
Grise, profonde, un ciel d’orage étendu sur le sable.
Hors
saison, loin des impostures. La plage d’abord, en guise de préliminaires,
diaphane et pure après le fard des parasols et des serviettes aux couleurs racoleuses.
La mer enfin, rincée par les pluies de septembre, délivrée des voiles qui
s’accrochaient à ses flancs comme des breloques de foire, libérée des avances de
ceux qui croyaient la prendre par la taille d’un plongeon prétentieux.
La
station balnéaire comme la plage, la mer, est déserte. La promenade fouettée
par le vent, les maisons aux paupières closes, les portillons abandonnés qu’obstrue
la broussaille.
Sa
silhouette flotte dans ce monde dépeuplé comme une petite flamme hiératique.
Pas âme
qui vive. Du matin au soir. D’est en ouest. Parfois un animal errant, un marin
furtif qui rejoint son bateau, le vol d’un cormoran.
Au début,
quand il a décidé d’emménager définitivement ici, il a cru qu’elle allait le tuer
de solitude et d’ennui, l’ouvrir jusqu’à l’os d’une vague dentelée,