lundi 27 mai 2013

Le meilleur devant eux


Leurs mains. Doigts enlacés.
Ils chuchotent. Fort. Ils sont un peu sourds.
Jeanine 78 ans et Bautista 81 ans ont une requête.
Nacre rose aux lèvres, friction matinale d’eau de Cologne.
Dans le bureau où, sédiments, éclats de vies méticuleusement broyées, dans le bureau entre un petit vent ingénu.
Jeanine et Bautista sourient.
Se regardent. Je te tiens tu me tiens…  Qui lui explique à l’écrivain public, toi ou moi ?
On a le meilleur devant nous, lance-t-il avec malice.
Sur un carton blanc satiné, deux colombes en relief se bécotent.
On se marie !
Nos enfants, nos amis, comprennent pas.
Ça les dépasse.
Ça les blesse.
Ça leur fait peur.
Nous on n’a plus peur de rien !
Écho du carillon de sa voix. Main sur la bouche, surprise de son audace.
De quoi faudrait-il encore avoir peur ?

jeudi 16 mai 2013

Presque comme dans la chanson


Trop tard pour se défiler. Ils l’ont vue. Ils sourient. Et, réflexe idiot, elle sourit aussi.
Là au milieu des invités, avec Sébastien, c’est Marc, Marc Langlois ! Son soupirant des années lycée. Un brun trop maigre et trop timide qui durant trois ans s’était assis derrière elle en classe, amoureux toujours éconduit toujours éperdu.
Il a visiblement gagné en aisance Marc, et plus encore en corpulence. Et les cheveux, les cheveux… plus un si bien qu’un instant elle se demande si il les avait vraiment bruns.
Marc Langlois, chauve et bedonnant. Ce que les ans nous infligent !
Quoiqu’il n’ait pas été épargné, elle le remet sans hésitation. Il sourit. Il l’a reconnue aussitôt.