Il est fatigué. Il parle de fatigue à défaut de trouver de mot plus juste. Sa vie est pleine et accomplie et son cœur sonne creux.
Cet après-midi, il passe devant une petite église triste et grise et parce que l'un de ses rendez-vous a été annulé ou qu'il s'est mis brutalement à pleuvoir, il entre.
Il est aussitôt saisi par la densité du silence et de l'immobilité. Le temps ici ne s'enfuit pas, il s'installe et se cristallise en voûte de pierres sous laquelle s'abriter, en banc de bois pour se reposer. Alors puisqu'il a déjà échappé au cours de sa vie en entrant ici, il s'arrête dans une petite chapelle latérale. Il allume un lumignon sous un tableau de la Vierge. Il s'assoit et écoute simplement l'écho de la vie en lui. La lueur de la flamme réveille l'or du tableau. Elle se réfléchit dans la prunelle ardente de la Vierge, illumine son sourire immuable. Un sentiment de paix gonfle son cœur.
Il lui semble confusément reconnaître quelque chose, qu'il aurait connu enfant ou dans une vie parallèle à la sienne ou peut-être est-ce plutôt quelque chose à quoi il aspire depuis longtemps. Il reste jusqu'à ce que la flamme de la bougie s'éteigne.
Lorsqu'il sort, la nuit est tombée, il n'a rien fait de la journée et raté une réunion importante. Cela ne l'inquiète pas et comme la fatigue l'a quitté, il rentre à pied chez lui en flânant sur les quais.
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