S’il se
trouvait quelqu’un par ici, il la surprendrait ainsi, de dos, au sommet du
coteau.
Sans
doute ne l’entendrait-elle pas venir.
Aussi
immobile que le ciel, elle contemple le paysage immuable.
Onde
tendre des vallons, hautes herbes bleutées, cri rouge des coquelicots, leur
rire communicatif de talus en talus, et la chapelle romane, toute simple, de la
pierre du pays brunie de lichens, petite âme parmi celles des arbres, des
rochers, des insectes, à sa place comme l’est le ruisseau qui s’entortille en
contrebas autour des aulnes.
Mais il
n’y a personne pour la surprendre. Plus personne par ici.
Elle est
tout à fait seule. On dirait qu’elle prie. La campagne s’éveille dans le
silence des aubes de mai, limpide et ruisselant. Sa main repose sur le bois
rongé d’une ancienne barrière qui dut séparer naguère un potager ou un chemin
du paysage angélique.
Derrière
elle, derrière la paix des tendres vallons, il y a la terre éventrée et
fumante, des ruines de la même pierre que la petite église, un silence mat et
suffocant, un silence de tympan crevé.