Très
noir.
Brûlant
et sans sucre.
Dehors,
automne et été enlacés, brume frileuse et lueur dorée des pleins soleils.
Sans
sucre mais avec une cuillère.
Depuis le
magnolia exubérant des oiseaux pépient et accompagnent le ronronnement du
percolateur. Zinc patiné, rumeur précautionneuse – il est si tôt encore –, café
très noir, brûlant et sans sucre. Voilà les instruments de ma liturgie
matinale.
On prend
une grande respiration. Le moment venu, d’un geste sûr, on manipule la cuillère
qui, tel un battant léger et vif contre la robe de faïence, bat le rappel. On
tourne, tourne sans autre but que de voir se former le petit tourbillon
métaphysique. Ça y est. La journée s’anime autour de son axe, jupons au vent.
Le cœur réenchanté par l’innocence du matin. On tourne encore, encore, dans le
recueillement qui précède toute chose menée en confiance et plénitude. De la
tasse, des vapeurs montent comme un encens jusqu’aux narines. Premier café.
Pris sans un mot – ce serait sacrilège –, l’esprit encore embué de songes.
Avant de plonger. Ce café-là, incomparable, me sert d’exercice spirituel.
J’ouvre d’une gorgée le rideau sur la scène. Le pas est fait.
Voilà le premier
café. Ceux qui suivront, nombreux, seront gais ou moroses, conviviaux ou
solitaires, mais prosaïques, juste des cafés quoi.
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