Je voulais le soleil
J’ai eu l’ombre des ruelles sans ciel
Leurs femmes, je ne les ai pas séduites
Leur genou n’a pas plié devant moi
Ni leur esprit goûté mes ténèbres
nordiennes
Dans les ruelles sans ciel
Je crache vers l’inaccessible soleil
Bras dessus bras dessous, ils passent
bravaches
Lâchant gaiement pets, rires et mots
éclatants
Rouge cristal et or torrentiel
Je reçois les postillons scintillants de
leur langue
Elle chante dans leur bouche et me gifle
sans relâche
Je n’y comprends rien, ne la parle
toujours pas
Et ils se rient de moi
Retourner au pays d’où je viens ?
La queue basse comme un chien
Ma honte est la plus haute frontière
De ce côté-ci, je reste
À me dessécher comme écorce d’orange
amère
Dans le recoin le plus obscur du Sud
Où je ne suis pas plus que là-bas poète
ou prophète
Ni par ultime défi simple vagabond
Je n’ai pas la grâce de ceux qui brûlent
au zénith et se font de la poussière
Un matelas moelleux un vaisseau
miraculeux
Je ne suis même plus le rêveur du Nord
Je me suis tant moqué de mes frères
nordiens,
De leurs nuages bas de leurs rêves falots
Ceux-là que j’ai abandonnés et qui
étaient les miens
Comment revenir et leur dire que le
soleil est un leurre
Et que je suis pauvre hère, misérable et
menteur
Prier qu’ils me laissent à nouveau dormir
Dans la douce froidure des nuages qui
bornent leur vie
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