Violet épais. Assombri par sa densité même. Violet saturé, gagné par une obscurité au rythme pesant et régulier de dinosaures.
Voilà le sommeil des Amnésiens.
Violet lent, infiniment.
Au cœur d'une mer épaissie de pétrole, maintenu au fond des eaux sans toucher encore un sable improbable, on flotte, en apesanteur. Dans l'univers en expansion et au-dedans de soi, pareillement, violet sourd et aveugle. Le rythme cardiaque ralentit, chaque pulsation toujours plus éloignée de la précédente. La respiration devient imperceptible. La vie s'économise. Dans ce velours visqueux et pénétrant, aucun mouvement ne trouve son accomplissement. Des gestes d'une lenteur exaspérante naissent et, péniblement s'étirent tant ils sont empêchés. L'attention vaguement alertée par ces déplacements se lasse et s'en détourne. Le violet déjà s'est refermé sur eux. Point de sens à ces gestes rares du dormeur qui s'achèvent dans l'oubli de ce qui les a provoqués.