Accueillez
la vie avec le sourire, elle vous le rendra.
Je dois avoir l’air particulièrement sinistre
pour qu’elle me tende cette maxime par-dessus le zinc fatigué.
Je ne riposte pas et réponds à sa bonne humeur
matinale en me redressant le plus gaillardement possible sur mon tabouret de
bar.
Il ne sert à rien d’opposer à la généreuse
naïveté de Mireille mon cynisme. Je m’y suis essayé au début, me délectant même
de ce petit intermède en guise d’échauffement avant d’attaquer le désastre de
la journée.
Cela ne m’apportait qu’un fugitif ricanement dépourvu
de réel bénéfice et attristait Mireille sans la convaincre. Alors, à quoi
bon ?!
Mireille est agent d’entretien dans la
champignonnière d’immeubles de bureaux de La Défense, je suis cadre supérieur
dans l’un de ces prétentieux sièges d’entreprises.
Pour signaler à ma camarade de bistrot que
malgré ma mine peu engageante je suis disposé à entamer notre conversation
quotidienne, je lui fais remarquer que les jours rallongent et qu’une aube
presque rose – j’ose « l’aube rose » – nous salue à travers la vitre poussiéreuse.
Oui, ça fait du bien, on se sent plus
vaillant hein !?