mercredi 24 novembre 2010

La mémoire n'aime pas les trous

...
De notre enfance, il ne reste qu'une poignée de souvenirs.

Quid de la sensation de la première neige, des milliers d'heures de jeux, des jours d'ennui qui ont fécondé nos rêves, des lettres péniblement formées sur le papier quadrillé, des bons mots de cet arrière-grand père dont on nous attribue l'humour ?

Tout se passe comme si au fur et à mesure que nous nous construisions, pierre après pierre, se désagrégeaient les premières, fragilisant constamment l'édifice jusqu'à l'éboulement final.

De là viendrait, on le croit sans peine, le sentiment de notre vulnérabilité et une angoisse indéfectible, elle au moins.

D'éminents savants ont mené d'étonnantes expériences sur ces pierres manquantes. Notamment celle-ci qui consiste à montrer au cobaye plusieurs photos de son enfance dont l'une, prise lors d'une supposée halte au pont du Gard, est un montage.

Cette photographie d'abord n'évoque rien. Puis, autour d'elle, le cobaye commence à construire une histoire qui se présentera finalement comme une véritable résurgence.

Ainsi se souvient-il maintenant du voyage en DS, d'une dispute avec son frère, de la glace au chocolat qui fondait sous le soleil et de la vue du haut du pont sur la rivière asséchée.

Vertigineux, non?

Sans doute moins que le vide.

mardi 23 novembre 2010

Sans titre 4

...

Où sont mes petits rasoirs à saigner les maladies de l'âme ?

.........

mercredi 17 novembre 2010

Cœur de fonte

Rends-moi beau
Rends-moi fort
Approche-moi de l'éternité
Danser
Espérer, s'épuiser
Corps de guimauve, cœur de fonte
Lourd, lourd,
Toujours la même histoire
Même les dieux en ont marre

mercredi 10 novembre 2010

La faim

Au milieu des labours, le centre commercial forme une figure géométrique complexe, d'un gris perlé délicat aux reflets métalliques. En fin d'après-midi, quand le ciel est dégagé, le soleil se multiplie sur ses nombreuses facettes ; alors, il rivalise sans effort avec l'astre lui-même. Vers lui convergent les habitants des villes voisines et même, de tout le département.
Une fois par semaine, tu te rends au centre commercial, tu pousses ton caddie à travers le quadrillage impeccable des allées de l'hypermarché où s'écoulent la douce rumeur des consommateurs conquis et la voix hypnotique des annonces promotionnelles. Parfois ton fils t'accompagne mais la plupart du temps tu le laisses à la garde d'une voisine. Tout ici suscite son envie et sa jeunesse lui interdit de comprendre la cruelle supériorité de la nécessité sur le désir. Tu déposes dans ton caddie des conserves de marque distributeur, des kilos de pâtes, des yaourts et, en fonction des offres des têtes de gondole, pour le plaisir, tu prends une tablette de chocolat aux noisettes, un lot de socquettes.