mercredi 24 novembre 2010

La mémoire n'aime pas les trous

...
De notre enfance, il ne reste qu'une poignée de souvenirs.

Quid de la sensation de la première neige, des milliers d'heures de jeux, des jours d'ennui qui ont fécondé nos rêves, des lettres péniblement formées sur le papier quadrillé, des bons mots de cet arrière-grand père dont on nous attribue l'humour ?

Tout se passe comme si au fur et à mesure que nous nous construisions, pierre après pierre, se désagrégeaient les premières, fragilisant constamment l'édifice jusqu'à l'éboulement final.

De là viendrait, on le croit sans peine, le sentiment de notre vulnérabilité et une angoisse indéfectible, elle au moins.

D'éminents savants ont mené d'étonnantes expériences sur ces pierres manquantes. Notamment celle-ci qui consiste à montrer au cobaye plusieurs photos de son enfance dont l'une, prise lors d'une supposée halte au pont du Gard, est un montage.

Cette photographie d'abord n'évoque rien. Puis, autour d'elle, le cobaye commence à construire une histoire qui se présentera finalement comme une véritable résurgence.

Ainsi se souvient-il maintenant du voyage en DS, d'une dispute avec son frère, de la glace au chocolat qui fondait sous le soleil et de la vue du haut du pont sur la rivière asséchée.

Vertigineux, non?

Sans doute moins que le vide.

Aucun commentaire: