mercredi 21 décembre 2011

Maman a ses nerfs

Accroupie devant la panière qui déborde, elle fait le tri dans le linge sale. Le sien, celui de son mari, des petits, Arthur et Marthe, et celui de Félix, l’aîné, quinze ans.
Elle rassemble le linge sale de l’ado et le remonte dans sa chambre. Allongé sur son lit, il tchate en mangeant des chips. Elle lâche sur la moquette, au milieu de la pièce, le paquet de caleçons et de tee-shirts.
« Tu la veux ta vie ?! Surtout pas que je m’en mêle, ni même que je m’y intéresse... Ok. Ne me demande plus rien, Félix. Voilà ton linge, ça ne me regarde plus. C’est ta vie ! »
Son mari arrive à l’instant, la regarde descendre en faisant claquer toute sa colère dans l’escalier avec ses chaussons (c’est pas facile avec des chaussons) et en donnant des coups de poing dans le mur, comme une folle, oui comme une folle. Regrettant d’être rentré un peu plus tôt que d’habitude, il lui lance le regard spécial « qu’est-ce qui se passe encore ? »

mardi 13 décembre 2011

J'ai vu Prague

De nombreux voyages il ne me reste que des impressions intérieures et si personnelles qu’elles semblent sans rapport avec la réalité des pays visités. Ces impressions toutefois sont trop intimement liées aux villes et aux paysages traversés pour mériter d’être qualifiées de fausses.
Ainsi de Prague.
Sur le livre de photographies que je montre aux enfants pour leur donner un avant-goût de ce qu’ils vont bientôt découvrir, je reconnais ce panorama célèbre des toits de la ville depuis la tour de l’horloge mais il ne m’est pas familier et je crois bien ne l’avoir jamais contemplé autrement qu’en photo.

Pourtant j’ai vu Prague.
Qu’ai-je vu ?
Si je ne peux décrire telle place renommée, la mémoire - mon séjour remonte à vingt-cinq ans -, ne me fait pas défaut. Je me souviens très bien de Prague.
Je me souviens de bâtiments lépreux et verdâtres, de façades au baroque fatigué, de pavés mouillés, de camaïeux de gris bleuté et d’ardoise (d’ardoise vraiment ?).
Je me souviens de quelque chose d’ouaté où le monde n’était qu’un écho vague et indolore. J’étais une jeune fille neurasthénique à Prague – cela n’avait bien sûr rien à voir avec cette ville mais quelle heureuse coïncidence qu’elle fût elle-même si pleine de cette même tristesse lasse et m’accueille sans rien exiger, en toute fraternité d’âme. Entrant dans Prague, j’avais refermé derrière moi la porte d’une sorte de caverne creusée à même ma mélancolie.
Je n’en étais ni désolée ni inquiète. J’étais là pour quelques poignées de jours. Je trouvais le hasard singulièrement bien inspiré de m’avoir attirée jusque-là.
Pourquoi Prague ?

jeudi 1 décembre 2011

Sans-titre 7

Sourire. Ne pas peser sur la vie des autres. Alléger la sienne.
Cet effort-là…
Allez, fais-moi un beau sourire !