mardi 18 décembre 2012

Des habits pour tous les jours

Le rôle de celle dont l’humeur est toujours égale. Le rôle de celle qui écoute. Le rôle de celle qui anime de sa flamme mille projets. Le rôle de celle qui garde les secrets. Le rôle de celle qui rêve de Thébaïde. Le rôle de celle qui cuisine avec bonheur pour des tablées toujours plus grandes. Le rôle de la mère aimante et vigilante. Le rôle de celle qui aspire à autre chose sans savoir quoi. Le rôle de celle dont le sac s’assortit aux chaussures. Le rôle de la bonne copine. Le rôle de la précieuse collaboratrice. Le rôle de la femme qui dit « comme tu voudras ». Le rôle de celle qui se sent coupable de larmes versées sans autre épreuve que celle d’exister. Le rôle de l’insatisfaite. Le rôle de l’enthousiaste. Le rôle de la maîtresse qui n’a jamais la migraine.

mardi 4 décembre 2012

Sans adieu




Sans adieu commence ces jours-ci à tracer son chemin jusqu'à vous.
Le recueil est dès à présent disponible sur http://www.editions-harmattan.fr/index.asp?navig=catalogue&obj=livre&no=38558

 

 

 
 
 
 
 
 
Au fil des pages, sept nouvelles, sept histoires de disparition…
 
4ème de couverture
Quelque 50 000 personnes disparaissent tous les ans en France. La plupart reviennent ou sont retrouvées dans les deux semaines… des autres, on ignore tout.
Jean-Baptiste, Bianca, Sophie, François et les autres sont un amant, une mère, une amie, un fils et de leur disparu ils ne savent plus rien.
Partis sans explication ni adieu, ils condamnent ceux qui restent à vivre un deuil impossible, enfermés dans une citadelle où ricochent indéfiniment leurs questions sans réponse.
Le romanesque se régale volontiers du destin facilement tragique ou flamboyant des disparus, pourtant Jean-Baptiste, Bianca, Sophie, François et les autres ont une histoire, commune et unique, humble et poignante, qui dit mieux que toute autre le roman de nos vies.


Extraits
Louise entra dans sa vie et s’y installa sans la bousculer. Elle ne pesait pas plus qu’un petit animal domestique. Si elle pouvait se montrer capable d’audaces telles que celle qui l’avait poussée à aborder Jean-Baptiste dans le parc, Louise adoptait d’ordinaire une attitude docile et discrète. Toujours soucieuse de lui être agréable, elle le couvrait de mots doux et de tendres attentions. Elle riait à toutes ses plaisanteries et tombait en pâmoison à la moindre gentillesse de sa part. Elle parlait peu d’elle-même et l’interrogeait sans fin sur les péripéties de son existence. Durant les cinq mois que dura leur liaison, il se laissa bercer par l’adoration sans bornes qu’elle lui vouait mais n’éprouva jamais pour elle de véritables sentiments amoureux. Tous les soirs, elle frappait à sa porte. Il la laissait entrer. Elle le félicitait pour sa bonne mine, lui offrait une bricole : disque ou friandises. Puis elle astiquait l’appartement en attendant qu’il exprimât ses desideratas pour la soirée. Pauvre fille, s’exclamait-il pour lui-même en la voyant récurer les clayettes du réfrigérateur.
 
In Toutes les vies possibles

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Les journaux relatent d’atroces découvertes : des corps d’enfants enveloppés dans des sacs-poubelles sont jetés dans les fleuves, des corps d’enfants démembrés sont retrouvés épars dans les forêts sous le pourrissement des feuilles, des corps d’enfants suppliciés sont laissés à la pénombre des sous-sols.
Tous les matins, l’enfant n’appelle pas. Tous les matins, il faut à Bianca endurer le corps de Gaël en l’absence du corps de leur enfant. Les yeux clos, mimant le sommeil que la nuit lui refuse, elle le devine qui se dirige vers la salle de bains d’un pas traînant. Elle sait son corps puissant, son dos large dans l’encadrement de la porte, légèrement voûté, avec cette crispation de la nuque qui ne le quitte plus.