mardi 24 septembre 2013

Exercice spirituel


Très noir.
Brûlant et sans sucre.
Dehors, automne et été enlacés, brume frileuse et lueur dorée des pleins soleils.
Sans sucre mais avec une cuillère.
Depuis le magnolia exubérant des oiseaux pépient et accompagnent le ronronnement du percolateur. Zinc patiné, rumeur précautionneuse – il est si tôt encore –, café très noir, brûlant et sans sucre. Voilà les instruments de ma liturgie matinale.
On prend une grande respiration. Le moment venu, d’un geste sûr, on manipule la cuillère qui, tel un battant léger et vif contre la robe de faïence, bat le rappel. On tourne, tourne sans autre but que de voir se former le petit tourbillon métaphysique. Ça y est. La journée s’anime autour de son axe, jupons au vent. Le cœur réenchanté par l’innocence du matin. On tourne encore, encore, dans le recueillement qui précède toute chose menée en confiance et plénitude. De la tasse, des vapeurs montent comme un encens jusqu’aux narines. Premier café. Pris sans un mot – ce serait sacrilège –, l’esprit encore embué de songes. Avant de plonger. Ce café-là, incomparable, me sert d’exercice spirituel. J’ouvre d’une gorgée le rideau sur la scène. Le pas est fait.
Voilà le premier café. Ceux qui suivront, nombreux, seront gais ou moroses, conviviaux ou solitaires, mais prosaïques, juste des cafés quoi.

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