vendredi 31 octobre 2014

Le matin, la fin







La beauté du monde
Quelquefois
Si désarmante et meurtrière


Toute la nuit, la douleur a tenu
Débordé, effacé les limites
Un univers entier
De douleur
Encore une fois
Et d’un coup, au plus obscur, un éblouissement
Une paix inouïe
Comme rarement
Comme jamais
Se lever dans cette paix
Effleurer le parquet, à peine, comme une âme délestée

lundi 6 octobre 2014

Le glaneur de la place de l'église


Les pommes, les cabossées, les pas plus grosses qu’une mandarine, celles qu’ont un gnon brunâtre en pleine trogne ou la peau terne. Ils n’en veulent pas. Moi si, et je leur laisse volontiers les rouges au calibre breveté et les vertes acides passées à la cire.
Les pommes qu’on retrouve le samedi vers 13 h 30 dans le caniveau à côté de la place de l’église font mon délice. Je les cueille avec précaution entre un quignon de pain détrempé et un gobelet en plastique. Je les dépose dans mon cabas, un filet à fines mailles rouges et bleues avec lequel ma mère faisait déjà son marché « Comme d’habitude, hein ?! 120 gr de steak haché de cheval pour le petit». On en trouve plus de la viande hachée de cheval, celle que je mangeais le mercredi en alternance avec le foie de veau, bon pour le fer. Tu deviendras grand et fort…
Avec les pommes pas belles, on trouve aussi des salades un peu flétries à manger de suite, des bouquets de brocolis atteints de jaunisse, des carottes tordues, quelquefois une demi-cagette de tomates et dans une barquette deux cannellonis que le marchand de spécialités italiennes laisse au pied d’un arbre. Que faire de deux cannellonis qui demain ne seront plus du jour… ça se vendra pas !