vendredi 31 octobre 2014

Le matin, la fin







La beauté du monde
Quelquefois
Si désarmante et meurtrière


Toute la nuit, la douleur a tenu
Débordé, effacé les limites
Un univers entier
De douleur
Encore une fois
Et d’un coup, au plus obscur, un éblouissement
Une paix inouïe
Comme rarement
Comme jamais
Se lever dans cette paix
Effleurer le parquet, à peine, comme une âme délestée
Légère, légère, béate
Avant le ressac furieux
Sur le piano, embrasser les photos de sa vie
Une belle vie
Dans la chambre le repos de l’amant, son tendre abandon
Le sommeil tiède et moite des enfants
Mèches de cheveux emmêlés, mains serrées sur l’ourson
Le bonheur simplement
Avant le ressac, la douleur
Et par la porte-fenêtre, l’aube invraisemblable
Qui arrive, qui gagne
Une victoire dans laquelle elle entre
Pénétrer dehors
Traverser le jardin que rien ne sépare de la lande
Folles herbes qui rient sous le pied
Jusqu’à la falaise
Le froid perlé
Sur la peau
Dans le cœur
En aplomb de la falaise
Le fracas des vagues qui chevauche l’éternité
Ô délicieux vertige, ivre de vent
L’insoutenable beauté du monde, vraiment

Son corps désarticulé au pied de la falaise
Chahuté par le galop des vagues, presque ravit déjà
On croit à un accident
On pense à un suicide
Ce n’est ni l’un ni l’autre
La gorge se serre à la pensée d’une mort si violente
Personne n’en soupçonne la douceur
Le monde était d’une telle beauté
Et la vie, à cet instant, si parfaite

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