jeudi 27 novembre 2014

Attendre a fait son temps


Quand ai-je commencé à ne plus attendre ?
Difficile de dater ce non-évènement passé d'autant plus inaperçu que l’objet de ma folle espérance a continué à hanter mon esprit en dehors de toute attente. Je me suis mis à y penser routinièrement pourrait-on dire, comme un bateau lancé à pleine vapeur poursuit sa course une fois les gaz coupés, emporté par sa propre vitesse.
Je peux en revanche précisément dater le jour où j'en ai pris conscience : le 28 octobre 2007. Je regardais des amis remonter le sentier vers le gîte que nous avions loué en Sologne. Le vent, par bourrasques, m’apportait leurs rires et le parfum des sous-bois. La forêt était rousse et douce, d’une beauté qui vous met avec tendresse la main sur l’épaule. Je me sentais bien, tout simplement, en paix. Tiens, je n'attends plus, me suis-je dit.
J'ai quand même continué à penser à cette chose incroyablement espérée depuis si longtemps. Tous les jours ou presque, puis de moins en moins. Mais penser n'est pas attendre. Penser n’est pas cet asthme de l'âme. Penser tourne sur son axe et se tient prudemment au seuil de la vie.
Lorsque ce que j'avais si longtemps attendu est finalement arrivé, je ne l’ai pas accueilli et j’ai déploré sa venue tardive car j'avais perdu la capacité d'en jouir.
Qu'une chose si démesurément importante échoue dans cet instant de surprise embarrassée m'aurait fait désespérer de tout à l'époque où j'attendais encore.
Mais comme je n'attendais plus, je n'ai désespéré de rien et d'aucuns pourront dire que j’ai renoncé et suis totalement passé à côté de ma vie. Ce jugement un peu facile à mon avis m’affecte peu, je n’attends plus de personne qu’on me désigne mes échecs ou sacre mes réussites.

Aucun commentaire: