Quand
ai-je commencé à ne plus attendre ?
Difficile
de dater ce non-évènement passé d'autant plus inaperçu que l’objet de ma folle
espérance a continué à hanter mon esprit en dehors de toute attente. Je me suis
mis à y penser routinièrement pourrait-on dire, comme un bateau lancé à pleine
vapeur poursuit sa course une fois les gaz coupés, emporté par sa propre
vitesse.
Je peux
en revanche précisément dater le jour où j'en ai pris conscience : le 28
octobre 2007. Je regardais des amis remonter le sentier vers le gîte que nous
avions loué en Sologne. Le vent, par bourrasques, m’apportait leurs rires et le
parfum des sous-bois. La forêt était rousse et douce, d’une beauté qui vous met
avec tendresse la main sur l’épaule. Je me sentais bien, tout simplement, en
paix. Tiens, je n'attends plus, me suis-je dit.
J'ai
quand même continué à penser à cette chose incroyablement espérée depuis si
longtemps. Tous les jours ou presque, puis de moins en moins. Mais penser n'est
pas attendre. Penser n’est pas cet asthme de l'âme. Penser tourne sur son axe
et se tient prudemment au seuil de la vie.
Lorsque
ce que j'avais si longtemps attendu est finalement arrivé, je ne l’ai pas
accueilli et j’ai déploré sa venue tardive car j'avais perdu la capacité d'en
jouir.
Qu'une
chose si démesurément importante échoue dans cet instant de surprise
embarrassée m'aurait fait désespérer de tout à l'époque où j'attendais encore.
Mais comme
je n'attendais plus, je n'ai désespéré de rien et d'aucuns pourront dire que j’ai
renoncé et suis totalement passé à côté de ma vie. Ce jugement un peu facile à
mon avis m’affecte peu, je n’attends plus de personne qu’on me désigne mes
échecs ou sacre mes réussites.
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