mercredi 26 mai 2010

Au bord de la mer

   À cet endroit reculé de la plage où le sable se mêle déjà à la terre, une croûte de sel recouvre le sol. Sous son poids, la fine pellicule se brise en minuscules échardes salées qui brûlent ses genoux et les paumes de ses mains. Il s'active derrière elle. Elle ne le voit pas, et c'est mieux ainsi. Elle voit la mer, ou plutôt, dans l'obscurité, la frise d'écume livide qui meurt à quelques mètres d'eux. Il est concentré, le bruit de sa respiration, à intervalles réguliers, est couvert par celui des vagues. Au loin, les lueurs des bateaux et leurs reflets à la surface de l'eau tremblent dans pénombre. Elle se demande combien de temps cela va durer. Elle se demande s'il y a quelque chose qu'elle devrait faire ou dire.
   Il s'appelle Chris. Elle ne sait pas s'il s'agit du diminutif de Christian ou de Christophe, elle ne s'en est pas inquiétée. Ils ne se reverront sans doute pas. Pour le souvenir qu'elle aura de lui, Chris suffira bien.

dimanche 23 mai 2010

Sans titre 1

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Le ciel, démesuré. L'horizon idem.
Moi à l'intérieur, le plus pleinement, le plus naturellement qui soit, en l'absence de toute conscience.
C'est un moment parfait, le temps n'y a pas cours.

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mardi 11 mai 2010

L'hypothèse des forêts






L'hypothèse des forêts est mon deuxième roman, paru en 2009 chez Delphine Montalant éditions. Il est disponible sur http://www.editions-delphine-montalant.com/







Quatrième de couverture

Il y a longtemps, il s'est produit quelque chose.
Tu préférerais ne pas en parler. Les saisons ont passé.
De l'enfance, tu ne voudrais garder que la forêt.
Tu te souviens. Tu es arrivée dans la grande maison au milieu des bois un peu avant les grandes vacances. C'est ton père qui vous avait conduites, tes sœurs et toi, chez tante Lucie. Il t'importait peu alors que ta garde soit confiée à cette tante inconnue plutôt qu'à ton père, à peine plus familier. C'était un été très chaud, très sec. Des feux partaient spontanément dans les champs et les consumaient jusqu'aux racines.
Vous étiez ensemble : Rose, Léonie, Hortense.
Tu avais confiance.
Tu ignorais encore que le passé résiste au feu et à la chance.

Extraits

Lorsqu’à l’approche de l’été les nuits devenaient douces et limpides, il arrivait que je dorme dans la forêt. Je guettais le début de l’aube, ce moment où l’on prend encore le jour qui vient pour un éclat de lune et je quittais la maison. Je m’enfonçais dans les bois et parcourais les sentiers obscurs en les flairant comme une bête.

dimanche 9 mai 2010

Durer jusque-là





Durer jusque-là est mon premier roman, paru en 2006 chez HB éditions. Le catalogue de cette maison a été repris depuis par Le mot fou éditions. "Durer jusque-là" est disponible sur http://motfou.over-blog.com/





Quatrième de couverture

Un monde inconnu, une atmosphère hostile, dangereuse, dont on comprend assez vite qu'elle est celle de notre monde après une catastrophe, ou une série de catastrophes pas très naturelles. Les guerres que l'on croyait reléguées pour toujours derrière l'écran de la télé se sont rapprochées et ont finalement ravagé "notre" pays. La narratrice s'abrite dans une cave, et nous allons suivre ses aventures dans le paysage dévasté, hanté par des bandes de sans-abri en guenilles et par de mystérieux "anéantisseurs". Ces péripéties sont entrecoupées par les souvenir d'"avant", enfance, puis éveil à la vie amoureuse de la narratrice.

mercredi 5 mai 2010

Le centenaire des cartes Michelin

Du bout du doigt, suivre la route 9, progresser à travers des paysages de pierraille que ponctuent parfois des oasis minuscules marquées par de délicates ellipses vert pâle, passer Amazraou, Tagounite, les derniers oueds, sentir la route partir en poussière, devenir piste puis disparaître, avalée par le désert où l'homme prudent ne s'aventure pas de crainte d'y rencontrer Dieu ou la mort.
Carte du Maroc, n°742.
Monsieur Michelin, géant du pneu et génial inventeur de la carcasse radiale, sait-il seulement qu'il fait rêver les petites filles?
Je me souviens de ces heures d'ennui merveilleux où, chevauchant les cartes routières subtilisées à mon père, je me lançais à bride abattue dans la rêverie. On avait pour mon vice une certaine complaisance, et durant les vacances, à l'arrière de la voiture, on me laissait déplier sur mes genoux écorchés la carte. Quel beau voyage ! Le doigt sur la départementale 788, je poursuivais mon inlassable quête, ma chimérique conquête, j'inventais avant même qu'ils n'apparaissent sous nos yeux, le calvaire qui domine la lande, le point de vue remarquable sur la vallée, le phare et son mélancolique gardien.