À cet endroit reculé de la plage où le sable se mêle déjà à la terre, une croûte de sel recouvre le sol. Sous son poids, la fine pellicule se brise en minuscules échardes salées qui brûlent ses genoux et les paumes de ses mains. Il s'active derrière elle. Elle ne le voit pas, et c'est mieux ainsi. Elle voit la mer, ou plutôt, dans l'obscurité, la frise d'écume livide qui meurt à quelques mètres d'eux. Il est concentré, le bruit de sa respiration, à intervalles réguliers, est couvert par celui des vagues. Au loin, les lueurs des bateaux et leurs reflets à la surface de l'eau tremblent dans pénombre. Elle se demande combien de temps cela va durer. Elle se demande s'il y a quelque chose qu'elle devrait faire ou dire.
Il s'appelle Chris. Elle ne sait pas s'il s'agit du diminutif de Christian ou de Christophe, elle ne s'en est pas inquiétée. Ils ne se reverront sans doute pas. Pour le souvenir qu'elle aura de lui, Chris suffira bien.